Au départ, j’utilisais Git pour un projet privé où j'étais le seul développeur. Parmi toutes les commandes liées à la nature distribuée de Git, je n’avais besoin que de pull et clone afin de disposer de mon projet en différents lieux.
Plus tard, j’ai voulu publier mon code via Git et inclure des modifications de plusieurs contributeurs. J’ai dû apprendre à gérer des projets avec de nombreux développeurs à travers le monde. Heureusement c’est l’un des points forts de Git et peut-être même sa raison d'être (en français dans le texte).
À chaque commit sont associés le nom et le mail de l’auteur, ceux qui sont montrés par git log. Par défaut, Git utilise les valeurs fournies par le système pour remplir ces champs. Pour les configurer explicitement, tapez :
$ git config --global user.name "John Doe" $ git config --global user.email johndoe@example.com
Supprimer l’option --global
pour que ces valeurs soient locales au dépôt courant.
Supposez que vous ayez un accès SSH à un serveur Web sur lequel Git n’est pas installé. Bien que ce soit moins efficace que le protocole natif, Git sait communiquer par dessus HTTP.
Télécharger, compiler et installer Git sur votre compte et créer un dépôt dans votre dossier web :
$ GIT_DIR=proj.git git init $ cd proj.git $ git --bare update-server-info $ cp hooks/post-update.sample hooks/post-update
Avec les vieilles versions de Git, la commande de copie échoue et vous devez faire :
$ chmod a+x hooks/post-update
Maintenant vous pouvez transmettre vos modifications via SSH depuis n’importe lequel de vos clones :
$ git push web.server:/path/to/proj.git master
et n’importe qui peut récupérer votre projet grâce à :
$ git clone http://web.server/proj.git
Besoin de synchroniser des dépôts sans passer par un serveur ni même une connexion réseau ? Besoin d’improviser dans l’urgence ? Nous avons déjà vu que git fast-export et git fast-import savent convertir et recréer un dépôt via un simple fichier. Nous pourrions utiliser des fichiers de ce type pour assurer le transport entre des dépôts Git via n’importe quel canal. Mais un outil plus puissant existe : git bundle.
L'émetteur crée un 'bundle' :
$ git bundle create monbundle HEAD
puis il transmet ce bundle, monbundle
, à l’autre partie par n’importe
quel moyen : email, clé USB, impression puis
reconnaissance de caractères, lecture des bits au téléphone,
signaux de fumée, etc. Le récepteur retrouve les mises à jour
du bundle en tapant :
$ git pull monbundle
Le récepteur peut même faire cela dans un dépôt
entièrement vide. Malgré sa petite taille monbundle
contient l’ensemble du dépôt Git
d’origine.
Pour des projets plus gros, on peut réduire le gaspillage en incluant dans le bundle uniquement les changements manquants dans l’autre dépôt. En supposant par exemple que le commit “1b6d…” est le commit le plus récent partagé par les deux dépôts, on peut faire :
$ git bundle create monbundle HEAD ^1b6d
Si on fait cela souvent, il se peut qu’on ne sache plus quel est le dernier commit partagé. La page d’aide suggère d’utiliser des tags pour résoudre ce problème. En pratique, juste après l’envoi d’un bundle, tapez :
$ git tag -f dernierbundle HEAD
et pour créer un nouveau bundle faites :
$ git bundle create nouveaubundle HEAD ^dernierbundle
Les patches sont des représentations textuelles de vos modifications qui peuvent être facilement compris par les ordinateurs comme par les humains. C’est ce qui leur donne leur charme. Vous pouvez envoyer un patch par mail à un développeur sans savoir quel système de gestion de versions il utilise. À partir du moment où on peut lire les mails que vous envoyez, on peut voir vos modifications. De votre côté, vous n’avez besoin que d’un compte mail : aucune nécessité de mettre en œuvre un dépôt Git en ligne.
Souvenez-vous du premier chapitre. La commande :
$ git diff 1b6d > mon.patch
produit un patch qui peut être collé dans un mail. Dans un dépôt Git, tapez :
$ git apply < mon.patch
pour appliquer le patch.
D’une manière plus formelle, lorsque le nom des auteurs et peut-être leur signature doit apparaître, générer tous les patches depuis un certain point en tapant :
$ git format-patch 1b6d
Les fichiers résultants peuvent être fournis à git send-email ou envoyez à la main. Vous pouvez aussi spécifier un intervalle entre deux commits :
$ git format-patch 1b6d..HEAD^^
Du côté du destinataire, enregistrez un mail dans un fichier puis tapez :
$ git am < mail.txt
Ça appliquera le patch reçu mais créera aussi un commit en y incluant toutes les informations telles que le nom des auteurs.
Si vous utilisez un client de messagerie dans un navigateur, il vous faudra sans doute appuyer sur un bouton afin de voir le mail dans son format brut avant de l’enregistrer dans un fichier.
Il y a de légères différences dans le cas des clients de messagerie se basant sur le format mbox, mais si vous utilisez l’un d’entre eux, vous êtes sans aucun doute capable de vous en débrouiller facilement sans lire des tutoriels !
(NdT : si votre dépôt contient des fichiers binaires,
n’oubliez-pas d’ajouter l’option --binary
aux commandes de création de
patches ci-dessus.)
Après la création d’un clone d’un dépôt, l’utilisation de git push ou de git pull se référera automatiquement à l’URL du dépôt d’origine. Comment Git fait-il ? Le secret réside dans des options de configuration ajoutées dans le clone. Jetons-y un œil :
$ git config --list
L’option remote.origin.url
détermine l’URL de la source ; “origin” est un alias
donné au dépôt d’origine. Comme dans le cas de la branche
principale qui se nomme “master” par convention, on peut
changer ou supprimer cet alias mais il n’y a habituellement
aucune raison de le faire.
Si le dépôt original change, vous pouvez modifier son URL via :
$ git config remote.origin.url git://nouvel.url/proj.git
L’option branch.master.merge
spécifie le nom de la branche distante utilisée par défaut
par la commande git
pull. Lors du clonage initial, le nom choisi
est celui de la branche courant du dépôt d’origine. Même si
le HEAD du dépôt d’origine est déplacé vers une autre
branche, la commande pull continuera à suivre fidêlement la
branche initiale.
Cette option ne s’applique qu’au dépôt ayant servi au
clonage initial, celui enregistré dans l’option branch.master.remote
. Si nous effectuons un
pull depuis un autre dépôt, nous devrons indiquer
explicitement la branche voulue :
$ git pull git://example.com/other.git master
Les détails ci-dessus expliquent pourquoi nos appels à push et pull dans nos précédents exemples n’avaient pas besoin d’arguments.
Lorsque nous clonons un dépôt, nous clonons aussi toutes ses branches. Vous ne les avez sans doute pas remarquées car Git les cache : vous devez explicitement demander à les voir. Cela empêche les branches du dépôt distant d’interférer avec vos propres branches et cela rend aussi Git plus simple pour les débutants.
Listons les branches distantes :
$ git branch -r
Vous devriez voir quelque chose comme :
origin/HEAD origin/master origin/experimental
Ces noms sont ceux des branches et du HEAD du dépôt distant et ils peuvent être utilisés dans les commandes Git normales. Supposez par exemple que vous avez réalisé de nombreux commits et que vous vouliez voir la différence avec la dernière version ramenée par fetch. Vous pourriez rechercher dans le log pour retrouver l’empreinte SHA1 appropriée mais il est beaucoup plus simple de tapez :
$ git diff origin/HEAD
Vous pouvez aussi voir où en est rendu la branche ‘`experimental’' :
$ git log origin/experimental
Supposez que deux autres développeurs travaillent sur notre projet et que nous souhaitons garder un œil sur les deux. Nous pouvons suivre plus d’un dépôt à la fois grâce à :
$ git remote add un_autre git://example.com/un_depot.git $ git pull un_autre une_branche
Maintenant nous avons fusionné avec une branche d’un second dépôt et nous avons accès facilement à toutes les branches de tous les dépôts :
$ git diff origin/experimental^ un_autre/une_branche~5
Mais comment faire si nous souhaitons juste comparer leurs modifications sans affecter notre travail ? En d’autres termes, nous voulons examiner leurs branches sans que leurs modifications envahissent notre dossier de travail. À la place d’un pull, faisons :
$ git fetch # Rapatrier depuis le dépôt d'origin, par défaut $ git fetch un_autre # Rapatrier depuis le dépôt d'un_autre
Cela ne rapatrie (fetch) que les historiques. Bien que notre dossier de travail reste inchangé, nous pouvons faire référence à n’importe quelle branche de n’importe quel dépôt dans nos commandes Git puisque nous en possédons maintenant une copie locale.
Rappelez-vous qu’en coulisse, un pull est simplement un fetch suivi d’un merge. Habituellement nous faisons appel à pull car nous voulons fusionner (merge) les dernières modifications distantes après les avoir rapatriées (fetch). La situation ci-dessus est une exception notable.
Voir get help remote pour savoir comment supprimer des dépôts distants, ignorer certaines branches et bien plus encore.
Pour mes projets, j’aime que mes contributeurs se confectionnent un dépôt depuis lequel je peux effectuer des pull. Certains services d’hébergement Git vous permettent de créer votre propre dépôt clone d’un projet en cliquant simplement sur un bouton.
Après avoir rapatrié (fetch) un arbre de modifications, j’utilise les commandes Git pour parcourir et examiner ces modifications qui, idéalement, sont bien organisées et bien décrites. Je fusionne mes propres modifications et effectue parfois quelques modifications supplémentaires. Une fois satisfait, je les envoie (push) vers le dépôt principal.
Bien que recevant rarement des contributions, je pense que mon approche est parfaitement adaptable à grande échelle. Voir ce billet par Linus Torvalds.
Rester dans le monde Git est un peu plus pratique que de passer par des fichiers de patch puisque cela m'évite d’avoir à les convertir en commits Git. De plus, Git gère les détails tels qu’enregistrer le nom de l’auteur, son adresse mail ainsi que la date et l’heure et il demande à l’auteur de décrire ses propres modifications.